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Portrait d’un Artiste Amazigh contemporain nommé Yahia BOUKDIR

On ne peut citer Ahwach  sans parler de celui  qui a donné à cet art populaire amazigh du Souss toute cette célébrité  qui a dépassé les frontières du pays, il s’agit bien sûr de Yahia BOUKDIR   défenseur dévoué  des arts populaires en langue amazigh.

Fils d’une famille  notable  d’Afayane village  de la tribu  d’Idaouzeddout  situé à l’anti Atlas, il hérita de  ses parents l’amour de la terre, la vénération  des traditions  et de son oncle El Hachemi Elbessir il a hérité  l’art des ‘ Indamne ‘, Andame  en langue amazigh du Souss c’est le poète.

Le défunt El Hachemi  non-voyant amenait  son neveu à chaque fois qu’il se déplaçait  à un Assaiss, place ou se tenait les danses d’ahwach, El Hachemi fut un  artiste  de classe convoité par les grandes personnalités de la tribu ,  et craint par ses confrères  les autres poètes ou ‘ Indamne’  de la région.

Définition d’Ahwach

 Ahwach est à la fois le nom commun donné à la  musique des villages du Souss  et le nom d’une danse typique de cette région du  pays  .Se pratiquant à l’occasion de toutes les célébrations collectives, ce sont des villageois volontaires qui en assurent l’exécution. C’est une danse  soit masculine soit féminine précédée d’un chant dialogué, une sorte de duel entre Indamne ou Imarirne.

Pour les   spectateurs , c’est ce chant dialogué qui est la partie la plus appréciée et aussi la plus difficile à réussir. C’est également la plus surprenante par son originalité pour les spectateurs non-initiés. Tandamte nécessite la participation d’au moins un improvisateur (l’artiste ayant le talent de composer sur le champ et sans préparation ses poèmes), il est préférable qu’il y en ait deux ou davantage pour qu’il y ait concurrence. Il faut également  une troupe de tambourinaires (Ilouna), un qui tient le tambour(Ganga)   et des chorales d’hommes. Ces  chorales doivent être denses, afin d’obtenir un effet de masse chorale compacte sans lequel le chant est jugé inesthétique. L’exécution commence avec l’intervention d’un soliste improvisateur. Il chante une suite de vers appelée  ‘tandamte ‘  . Un autre soliste intervient avec une nouvelle répartie, puis à nouveau les chorales et ainsi de suite. Après un certain nombre de ‘tindamine ‘, ahwach entame une lente évolution (sans transition sensible) qui finit en danse : l’ahwach proprement dit. Les rythmes musicaux ainsi que les gestes des danseurs s’accélèrent au fur et à mesure que la danse s’intensifie.

Ahwach est une danse collective   célébrant toutes les festivités et moments importants de la vie. Elle fait partie intégrante de la vie sociale des imazighen, de leur culture orale. C’est tout un art musical mariant harmonieusement le mouvement, le rythme et la voix.

La solennité qui se dégage de ces danses en fait un spectacle d’une beauté extrême.

Mais ces joutes poétiques nécessitent que les quelques danseurs d’Ahwach qui s’en chargent soient dotés d’un extraordinaire pouvoir d’improvisations poétiques et d’un grand sens de la répartie : Yahia en est un de ces  artistes sinon le meilleur.

Une étoile est née

Depuis qu’il était enfant, Yahia  était entièrement impressionné  par ce monde d’Ahwach  et des  ‘Indamne’, petit à petit il comprenait que ce monde est fait pour lui et qu’il ne peut vivre loin des ‘Assais ‘ d’ahwach et des ‘indamne ‘ . Ainsi il accomplit tous les rites pour devenir un vrai ’ Andam’, abandonna le commerce légué par  son père  et se consacra corps et âme à Ahwach et aux duels des Indamne.

Très vite il se distingua dans sa tribu   par ses  compositions de poèmes  originales, son talent de danseur d’ahwach de première classe, mais aussi et surtout   par  cette ‘ rage de vaincre’  naturelle   qu’il possède et  qui lui a permis d’exceller lors des duels entre’ Indamne ‘.

Yahia emporta cet art d’ahwach à Casablanca qui ne connaissait aux années soixante-dix du siècle dernier que l’art des ‘Rouaiss’  en tant qu’expression artistique des amazigh du Souss.

Le mérite de considérer Ahwach comme un vrai art populaire et non simplement du folklore revient à Yahia, ainsi le ministère de la culture  accorda à la troupe créée et dirigée par Yahia le privilège  de représenter  cet art purement Marocain aux différentes manifestations culturelles et artistiques dans le monde.

La troupe d’Ahwach de Yahia BOUKDIR     une marque  ‘ Made in Morocco ‘

En effet Yahia avec sa troupe a sillonné le monde entier  En Europe  la France , l’Espagne , le Portugal , Allemagne ,le  Danemark ,l’ Autriche ,le  Suède ,  l’Angleterre ,la Suisse , la Belgique ,la Russie,  Les États Unis d’Amérique, le Canada, la Chine l’Australie , le moyen Orient,  les pays du Golfe Arabe, le Sénégal  et le Gabon .

Ainsi notre artiste Yahia BOUKDIR a réussi non seulement  de réaliser son rêve d’enfance, celui de devenir un grand poète ‘andam’   à l’image de son oncle feu El Hachemi Elbessir, mais également  de réussir le défi   de prescrire l’art d’Ahwach  comme étant  un art populaire Marocain  reconnu à l’échelle internationale .

Signé : Youssef Boukdir

 

 

 

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